L’annonce première du confinement a été un choc pour tout le monde. C’est une situation inédite. Peur et inquiétude nous habitent. Nous sommes contraints de vivre autrement notre quotidien : enfermer avec les siens et attendre une solution. Après un mois de confinement, le gouvernement en a rajouté un de plus. Misère !?
De prima abord, pour ma part, le confinement souligne une contradiction au regard de notre mission : aller vers le monde entier proclamer la Bonne Nouvelle à tous les hommes. N’est-ce pas le message qu’on entend de nouveau en la fête de saint Marc ? Mais avec du recul, je constate que nous sommes en réalité en mission. Etant en diaspora auprès de nos proches pour la plupart d’entre nous, on peut dire que nous sommes envoyés pour porter la Bonne Nouvelle là où nous sommes confinés : apporter notre soutien par une présence physique de qualité ou par une prière, apporter une consolation évangélique à nos proches et/ou à d’autres par les réseaux de communication. Ainsi l’Evangile continue d’irriguer nos vies.
Ce confinement soulève aussi une impuissance et une inutilité de nous-même. On ne sait que faire à part attendre un vaccin et en attendant pendre soin des malades avec les moyens du bord. Puis, inutiles ! A ne pas comprendre comme synonyme d’impuissance mais du fait de notre état : séminariste, clerc, religieux etc… J’entends dire : si votre foi est si importante, pourquoi vous ne guérissez pas les malades ? Pourquoi vous ne demandez pas à Dieu d’éradiquer ce virus ? La foi, dis-je, ce n’est pas de la magie mais Dieu agit quand même et Il nous prend souvent de revers. Il nous aide à traverser cette épreuve, cette crise sanitaire. En revanche, je crois que la question est : qu’est-ce qui ordonne ou qui dirige ma vie ? La technique, l’argent, Dieu… ? Et quand est-ce que nous allons poser un regard de foi et de miséricorde plutôt que de fatalité sur notre faiblesse ou vulnérabilité ?
Alors pour vivre cette deuxième partie du confinement, je prends comme repère l’Evangile en premier lieu. « Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route » (Ps 118, 105). Puis, en second lieu, l’oraison. Je suis convaincu que dans ce dialogue unique Dieu se donne. Il est là dans mon coeur. Et sa présence en moi me rend présent au monde avec consistance et vérité. Et en troisième lieu, la famille pour garder les pieds sur terre en vue de l’unité en moi. C’est l’occasion, outre le fait d’approfondir les liens avec les membres de ma famille et de tisser des projets avec et sans eux, de faire une relecture de mon histoire familiale afin de prendre conscience de ses déterminismes en vue d’envisager un avenir sous l’étendard de la liberté dans l’espoir d’exprimer ce pour quoi je suis appelé.
J’espère que cette situation inédite nous auras permis de nous réconcilier avec nous-même et avec les autres. J’espère que nous prendrons aussi conscience que notre fragilité et notre finitude sont une ouverture à la grâce de Dieu.
Oui, reste avec nous Seigneur.
Jean-Louis Gomis

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